Si l’industrie de la viande et des produits laitiers inflige prématurément la mort aux animaux dits de rente, quelques individus parviennent à échapper à leur funeste destin. Accueillis dans des sanctuaires, Tamay, Rosa, Johannes et les autres coulent des jours heureux dans leurs prairies de retraite, où la quiétude est le seul mot d’ordre.
Tamay vit une retraite paisible à Kallnach (BE), à deux pas de la Suisse Romande.
Tierarche Seeland
Fils d’exploitant agricole, Urs Marti reprend progressivement les commandes de la ferme familiale en 2016. Ce maître d’école primaire, végane depuis ses dix-huit ans, décide alors de reconvertir l’exploitation de 27 hectares en sanctuaire. Il stoppe la production de lait et met à la retraite les vaches de la ferme, mais aussi leurs veaux, qu’elles ont la chance de voir grandir pour la première fois.
Une association voit le jour pour gérer le sanctuaire et ses pensionnaires, aujourd’hui au nombre de 24. Parallèlement, depuis le 1er janvier 2018, la famille cultive céréales et légumineuses, des produits BIO qu’elle propose à la vente directe et sur son shop en ligne.
À Biohof Huebeli, la ferme familiale fondée au 18e siècle, on cultive des céréales et légumineuses certifiés BIO, vendus sur place ou en ligne. // À côté d’Urs, les quartiers d’hiver des pensionnaires, où ils vivent d’octobre à mars.
Tamay, un grand-père pépère
Les besoins en nourriture et en soins s’élèvent à CHF 250.- par mois par animal. Ce sont des marraines et parrains qui contribuent, en exclusivité ou partiellement, à hauteur de leurs moyens (généralement dès 25.- par mois), à l’entretien des animaux, via l’association Tierarche Seeland mais aussi Tier im Fokus (TIF), dont trois animaux sont en retraite à Kallnach. Tamay, notre filleul, est l’un d’eux. Nous lui avons rendu visite en famille.
Du haut de ses vingt ans, qu’il a fêtés cet été, Tamay est probablement le bœuf le plus âgé de Suisse. Lorsque nous arrivons, il paît tranquillement au fond du pré aux côtés de Rosa, une Évolène de onze ans sa cadette. Fragilisé par le poids des années mais toujours élégant, il vient nous saluer et se prête à une séance de caresses avant de retourner à ses occupations.
Alexis, Julian, Tamay et Loris. // Avec les documents de parrainage, nous recevons des photos de Tamay et de nombreuses informations.
Racheté alors qu’il n’est encore qu’un veau par une jeune femme qui souhaite lui offrir une vie digne de ce nom, le jeune Tamay découvre la liberté dans un grand pâturage de Suisse Romande. Fin avril 2010, il déménage avec ses compagnons dans une ferme de l’Emmental, où il est connu pour son caractère vif et enjoué. Le Limousin rejoint ensuite le sanctuaire seelandais en juillet 2018 en compagnie de Rosa.
Tamay symbolise ces animaux qui ont le droit de vieillir, alors que tous les autres sont tués.
Julian, 8 ans
Ses cornes ont dû être coupées parce qu’elles poussaient trop près de ses yeux et qu’il risquait de se blesser, nous explique Urs. L’intervention a été pratiquée par le vétérinaire, sans aucune douleur pour Tamay, nous rassure-t-il.
Je suis fier que nous soyons ses parrains, confie Julian (8 ans). Il symbolise ces animaux qui ont le droit de vieillir, alors que tous les autres sont tués. Loris, son frère jumeau, réalise avec tristesse qu’il est en effet bien rare de voir un vieux cochon ou une vieille vache.
Julian et Tamay. // Rosa, Julian, Urs et Loris.
Quant à Rosa, elle s’est échappée de l’abattoir à l’âge de huit mois. Après une course poursuite de deux heures, la jeune vache est reconduite dans le couloir de la mort, jusqu’à ce que deux bienfaiteurs qui ont eu vent de son aventure décident de lui offrir la liberté dont elle rêve tant. Après Tamay, elle vient nous saluer à son tour.
Rescapés cherchent marraines et parrains pour la vie
À leurs côtés vivent également Beat (bientôt 3 ans), Écossais rebelle et robuste au pelage frisé dont la robe aux motifs géométriques ne passe pas inaperçue, Johannes (2 ans), sauvé des couteaux à l’âge de cinq mois par une Viennoise prénommée Sabine, ou encore Wanda (4 ans), dont les fausses couches à répétition contrarient ses éleveurs, qui veulent rentabiliser sa place dans l’étable. Ces animaux ont vraiment de la chance d’être sauvés par des gens gentils, reconnaît Alexis (11 ans).
Tamay, Rosa et Beat vivent une retraite paisible dans le Seeland... tout comme Johannes, qui profite d’un peu d’ombre.
Ces histoires bouleversantes – parmi bien d’autres – racontent autant d’animaux qui ont besoin de marraines et parrains pour continuer à vivre, au nom de toutes celles et ceux qui n’ont pas cette chance et finissent tués par millions dans les abattoirs suisses.
Pour découvrir les animaux à parrainer et leur histoire, c’est par ici ! N’hésitez pas à contacter le sanctuaire ou TIF, ils parlent aussi français.
- CL -
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